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Podcast #9 : Stop aux stéréotypes ! Pour des cours plus inclusifs

Comment rendre les cours de FLE plus inclusifs ?

Aujourd’hui, dans cet épisode de My French Routine, j’ai décidé de te parler d’un sujet qui me tient particulièrement à cœur, celui de la création de mes cours de français. Je vais t’expliquer plus particulièrement la manière dont j’essaie de rendre mes cours plus inclusifs et moins stéréotypés, en premier lieu dans la forme et en deuxième lieu dans le fond. 

L’enseignement des langues a-t-il une influence sur les stéréotypes ? 

Je ne sais pas si tu t’es déjà posé.e la question, moi je ne me la posais pas du tout au début de ma carrière de prof. Pour moi, enseigner une langue, c’était juste enseigner du vocabulaire et de la grammaire, apprendre à faire des phrases à l’oral et à l’écrit, point barre. C’était quelque chose de neutre. 

Pour préparer mes cours, je m’inspirais ou j’utilisais directement des méthodes de français ou des sites spécialisés dans le FLE (Français Langue Étrangère) sans me poser plus de questions. 

Ce n’est que récemment, lorsque je me suis lancée dans Alice Academy pendant le confinement en 2020 que j’ai compris qu’enseigner, c’était beaucoup plus que ça, c’était beaucoup plus puissant. J’ai réalisé que j’avais aussi un rôle à jouer, un impact lorsque je créais mon propre contenu pédagogique. 

À partir du moment où j’ai publié sur les réseaux sociaux, j’ai pris la mesure de l’impact que je pouvais avoir en tant que professeure sur la transmission ou non de certains stéréotypes. 

J’ai pensé à mes amis français mais aussi à mes élèves du monde entier qui sont d’une autre couleur de peau. J’ai pensé à mes ami.e.s et à mes élèves qui sont homosexuel.le.s et j’ai pensé à mes ami.e.s qui comme moi, revendiquent l’égalité entre les femmes et les hommes dans la sphère professionnelle et privée. 

Je me suis rendue compte que les illustrations et les exemples choisis, même pour un cours de langue, n’étaient pas neutres. C’était important pour moi que toutes ces personnes, qui font partie de mon quotidien, ne se sentent pas exclues. 

Et si je dis ça, ce n’est pas pour surfer sur une mode d’inclusion à tout prix, c’est simplement parce que ça représente mes valeurs. Je suis contre le racisme, je suis contre l’homophobie, je suis contre le sexisme et toutes les formes de discrimination et d’exclusion. 

Je suis convaincue que nos différences font notre richesse. Et si j’enseigne le français à des étrangers, c’est pour leur permettre de comprendre la langue française et de se faire comprendre par d’autres francophones, c’est donc tout le contraire de l’exclusion ! 

Avant d’être professeure de français, je suis moi-même une étudiante en langues. À la base, je suis traductrice en italien et portugais et j’ai vécu en-dehors de la France, en Italie, au Portugal et au Brésil. 

Pendant mes voyages et maintenant pendant mes cours, c’est un réel plaisir pour moi d’être en contact avec des personnes de l’autre bout du monde qui vivent dans une réalité différente : une autre langue, une autre histoire, un autre âge, un autre métier, une autre religion ou spiritualité et j’en passe. 

En lançant Alice Academy, je me suis alors permise d’être moi-même et de créer des cours qui respectent mes valeurs. Et tant pis si ça ne plaît pas à tout le monde ! Si je suis professeure indépendante, c’est bien pour pouvoir être en accord avec qui je suis, n’est-ce pas ? 

Donc, non, pendant mes cours, je n’utilise pas seulement des exemples avec des couples hétérosexuels. Non, je n’utilise pas seulement des illustrations avec des personnes de couleur blanche. Non, les femmes ne font pas du shopping pendant que les hommes font du bricolage à la maison. Et non, pour illustrer les tâches ménagères comme le ménage ou la vaisselle, je ne mets pas systématiquement des femmes.

Ça semble peut-être anodin ou évident pour toi mais je t’invite à jeter un coup d’œil aux manuels scolaires, aux illustrations des réseaux sociaux et faire une recherche rapide d’image sur Google. Tu verras qu’il y a encore du chemin à parcourir. 

Et moi aussi, je sais que je dois encore déconstruire certains stéréotypes inconscients et ancrés depuis mon enfance. Mais maintenant que j’ai pris conscience de ça, je suis attentive à la manière dont je crée mes cours dans le fond comme dans la forme. 

Rendre les cours inclusifs dans la forme

Pour la forme, je fais donc attention aux images que je choisis pour illustrer du vocabulaire ou un exemple. Une chose toute bête, c’est de ne pas utiliser le rose pour les filles ou le bleu pour les garçons parce que je trouve ça ridicule. C’est comme pour les jouets ou les vêtements des enfants. Pour marquer le féminin, on peut très bien utiliser d’autres couleurs. 

Ensuite, j’essaie d’intégrer de plus en plus l’écriture inclusive qui permet d’intégrer la forme féminine à un nom ou un adjectif. Dans les formes plus simples, on ajoute à l’écrit un point et un e après le mot comme étudiant.e (avec à la fin t.e) qui permet d’inclure le masculin étudiant et le féminin étudiante. En français, nous ajoutons souvent un « e » pour le féminin mais on ne l’entend pas à l’oral comme dans les participes passés avec être par exemple : tu es allé.e. J’ajoute un « . » et un « e » si je parle aux personnes de ma Newsletter parce que le « tu » peut être à fois pour un homme ou pour une femme. J’essaie de le faire de plus en plus parce que ça ne perturbe pas la prononciation ni la lecture. 

Quand on parle de la forme d’un cours, ça inclut aussi la diversité des activités et des contenus utilisés : podcasts, vidéos, articles, exercices interactifs mais aussi des discussions et des débats sur une thématique. Le cours ne doit pas être à sens unique : le professeur qui détient toute la vérité et les élèves qui écoutent sagement, c’est fini, surtout avec des adultes ! L’idée est de créer un cours qui s’adapte au mieux à plusieurs profils d’apprentissage

Créer des contenus de cours plus inclusifs

Et maintenant passons au fond, c’est-à-dire le contenu même du cours. De quoi on parle pendant le cours et comment on en parle ? 

Je vais commencer par un exemple qui est à la base de tous les cours de langue. L’une des premières choses qu’on apprend en langue, c’est de se présenter, parler de soi et de sa famille. Quand on parle des professions, on peut vite tomber dans le piège, et moi la première, de présenter les hommes avec des professions de pouvoir, et qui nécessitent de longues études comme ingénieur, directeur, médecin et les femmes dans des professions de communication, subordination ou dans le social : secrétaire, journaliste, infirmière. Dans la réalité, c’est peut-être effectivement le cas mais à mon niveau je ne veux pas participer à ces discriminations. 

Ce que j’ai donné comme exemple pour les professions vaut aussi pour les sports et les loisirs en général : ne pas attribuer de genre au sport. Après, l’élève a ses propres préférences, ça ne me regarde pas. 

Pour la famille, à notre époque, cela me semble ridicule de présenter uniquement un modèle de famille traditionnel alors qu’il existe des familles monoparentales, des familles recomposées, des couples homosexuels, des couples non mariés avec ou sans enfants, des personnes célibataires ou divorcées. Je donne des cours à des adultes, nous sommes plus complexes que ça ! 

Et dans cette même logique, je fais attention aux phrases que j’écris dans mes exemples. Que ce soit le sens-même de la phrase ou les prénoms utilisés. La France est un pays multiculturel, tout le monde ne s’appelle pas Marie ou Pierre (même si je les utilise aussi dans mes exemples), il y a aussi des Mohammed, Farida, Enzo, Nina. Je n’exagère pas, ces prénoms font réellement partie des prénoms les plus donnés en France ces dernières années. 

Ensuite pour les thématiques, comme je le disais juste avant, la France est un pays multiculturel, qui a connu et connaît encore de fortes vagues d’immigration. De nombreux Français, descendants d’immigrés, mais bien français parce qu’ils sont nés et ont grandi en France sont de religion musulmane, juive ou encore bouddhistes. 

Ça me semble important d’en parler parce qu’ils font partie intégrante de la population française. Il y a une très forte mixité en France et la plupart des Français ont des ancêtres étrangers. 

Je sais bien que c’est moins glamour de dire ça et que les gens veulent s’imaginer la vie en France comme dans les séries à succès Emily in Paris ou Arsène Lupin. Attention, je ne critique pas, j’aime bien aussi regarder ces séries pour me divertir et rêver un peu mais moi, je sais que ce n’est pas la réalité et j’aurais l’impression de mentir si je parlais uniquement de Paris, Saint Tropez, la mode et la gastronomie. J’habite en France, je ne suis pas déconnectée de la réalité et je veux parler de ce que je connais. 

Dans la vie, tout n’est pas blanc ou noir, il y a des nuances de gris comme on dit. Ce que j’adore faire avec mes élèves, c’est débattre sur des sujets de société. Je leur partage des documentaires, des reportages, films et séries qui montrent une autre facette de la France. 

Personnellement, je sais bien que je dois encore faire des progrès à certains niveaux : notamment parler de la francophonie en général et pas seulement de la France et inclure les handicaps. 

Mais c’est justement en permettant la discussion avec mes élèves, en comparant nos idées, nos modes de vie et nos habitudes culturelles, qu’on peut réellement s’ouvrir aux autres et créer des cours plus inclusifs. Avec le partage et la communication, on s’ouvre mutuellement. 

N’hésite pas à m’écrire en commentaire ou par mail si tu souhaites partager ton avis sur cet épisode, que tu sois d’accord ou pas d’accord, l’essentiel est de communiquer 🙂 

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Alice Academy

Bonjour ! Je suis Alice, professeur de français, passionnée de voyages ✈ et amoureuse des langues 💬

Avec Alice Academy, je souhaite partager ma passion pour la culture et la langue françaises 🇫🇷.